En 2022, le programme Société Numérique lançait un appel à manifestation d’intérêt (AMI) “Outiller la médiation numérique” pour développer des projets innovants en matière d’inclusion numérique. POP a fait partie des 23 lauréats. Et si outiller la médiation numérique c’était aussi ouvrir la porte à un numérique non marchand ? C’est ce qui anime Nicolas Duchêne, designer chez POP en charge du projet.
Nicolas, peux-tu nous présenter le projet POP lauréat de l’AMI ?
Il s’agit du guide de l’Accélérateur, une méthodologie destinée à accompagner les agents et élus d’une collectivité dans l’identification des acteurs, enjeux et leviers de l’inclusion numérique sur leur territoire. Objectif : structurer une offre de médiation numérique et créer une programmation en s’appuyant sur l’existant, afin que le service soit lisible et intelligible pour les bénéficiaires.
Comment travailles-tu sur le projet ?
J’ai pu bénéficier du travail que Carmen Rouchet de POP Up avait fait sur le sujet. De par son expérience avec d’autres collectivités territoriales et sa contribution à la conception du programme Accélérateur, elle était la pierre angulaire toute désignée pour constituer l’architecture et une partie du contenu du guide. Nous avons donc commencé par ce qu’on appelle chez nous “une partie de ping-pong” pour creuser et spécifier le sujet. Nous avions un premier jet du guide qu’il nous fallait décrire et outiller pour que ce dernier commence à prendre forme. J’ai ensuite pu confronter cette première approche au terrain avec une journée d’immersion au sein de l’Accélérateur, pour comprendre qui sont les bénéficiaires et destinataires du guide : rencontrer des agents et élus de collectivités, observer comment ils se situent par rapport à ces enjeux, quels sont leurs questionnements… Ce que j’ai appris, c’est que cela varie en fonction des profils – chargés de missions, techniciens, élus – et des niveaux de maturité de collectivités territoriales sur le sujet de l’inclusion numérique.
Ma question était : si on devait créer un parcours pour ces collectivités, quel serait-il ?
La deuxième étape a consisté à formaliser des outils utiles pour les personnes.
Concrètement, que trouve-t-on dans le guide ?
Le guide n’a pas vocation à remplacer un accompagnement, c’est un peu comme un cahier d’activité. Il prend la forme de trois parcours d’usages qui s’adaptent aux niveaux de maturité des collectivités territoriales sur la thématique de l’inclusion numérique. Le guide permet d’identifier l’existant, rendre compte des besoins… Chaque étape est composée de plusieurs typologies de fiches :
- Les fiches contexte : objectifs, avec qui il faudrait s’associer, ce qu’il faut préparer en amont…
- Les fiches méthode : déroulé pas à pas d’une action
- Les fiches outil : enquête de terrain, matrices, organiseur, les outils clés pour formaliser sa démarche.
- Les fiches bilan : accompagner sur les constats de l’exercice.
- Les fiches exemple : qui permettent de montrer comment les outils s’utilisent.
Qu’est-ce qui t’intéresse dans le projet ?
Ce que je trouve passionnant avec ce projet, c’est qu’il rouvre la porte à ce que pourrait être un numérique d’intérêt général. On pourrait imaginer des plate-formes web non marchandes qui rendent des services. J’envisage le guide comme un outil commun avec des fonctionnalités, comme une base de données, base de connaissances à faire évoluer.
Mettre à disposition ce type d’outils, c’est aller vers un numérique non marchand, vers des SaaS (software as a service) pour le bien commun.
En revanche, il est assez difficile de présupposer des besoins de tous les territoires. L’idée est d’essayer de produire une base et de se nourrir des retours de chacun. Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence mais dans une logique de contribution. Pour certains territoires, notre manière de faire ne sera pas adaptée. C’est ce qui fait à la fois la difficulté et l’intérêt du projet : c’est expérimental et contributif.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Le Guide est aujourd’hui utilisé par les Assembleurs dans leur programme Accélérateur. Par ailleurs, d’autres hubs comme Hinaura, HubEst ou Francil’In, sont en train de le tester dans leurs accompagnements de collectivités. L’idée est de voir comment ils se saisissent de l’outil et de les accompagner dans l’ajustement du Guide en fonction des spécificités de leurs territoires. La prochaine étape sera de permettre aux utilisateurs de modifier eux-même le Guide grâce à sa mise en ligne sur PenPot, un outil libre permettant une édition collaborative.
